Newsletter - Septembre 2025

RB : Le métier se doit-il d’être règlementé, encadré pour éviter les défaillances ?

CC : La règlementation n’a pas pour objet d’éviter les défaillances, mais de protéger les plus faibles que sont les maîtres d’ouvrage. Aucune règlementation ne peut éviter des défaillances, sauf à instaurer un principe de précaution qui aurait pour effet de décourager grand nombre d’entreprises insuffisamment capitalisées.

RB : Quel rôle peut jouer la prévention pour sensibiliser, contrôler et pérenniser la filière ?

CC : La prévention consiste à entraîner les constructeurs de la filière vers les pratiques qui réduisent autant que possible les risques de défaillance.
Parmi elles, nous pouvons citer par exemple :

• Garder une structure adaptable aux retournements de marché en privilégiant les charges variables et en limitant les charges fixes (notamment usines, EGB…).
• S’imposer un minimum de marge (ex 25%) et s’imposer de le respecter à chaque vente (amortisseur de surcoûts).
• Développer et déployer un service SAV pour lever rapidement les réserves des chantiers réceptionnés.
• Ne jamais jouer sa trésorerie en la mobilisant sur des investissements hasardeux comme de la promotion (chacun son métier).
• Préférer la maîtrise de son écosystème local à la folie des grandeurs par des développements dans des territoires non maitrisés.

2. Gestion des sinistres et recherche de prestataires

RB : Quelles sont les priorités de votre entreprise en matière de gestion sinistre ?

CC : Le moment du sinistre est celui de la réalisation de la promesse faite lorsque le contrat d’assurance a été souscrit. Notre engagement est d’intervenir rapidement et avec pédagogie pour expliciter les prochaines étapes ainsi que le rôle de chaque intervenant aux maîtres d’ouvrage. Avec la particularité en matière d’assurance Caution, que le bénéficiaire n’est pas le constructeur de maisons individuelles, mais les maîtres d’ouvrage et qu’il ne s’agit pas de délivrer à ces derniers une indemnité d’assurance, mais de se substituer au constructeur pour finaliser leurs chantiers, et ce, dans les meilleurs délais. S’engage alors une vraie course contre-la-montre et une gestion sinistre qui débute bien souvent avec une situation tendue, voire une vraie détresse du maître d’ouvrage.

RB : Quel est le modèle opérationnel de gestion des sinistres Caution CMI retenu par AXA France ?

CC : Face à la crise conjoncturelle que vit le secteur des Constructeurs de Maisons Individuelles, et la croissance des défaillances, nous avions besoin de ressources déjà formées et maîtrisant le process de reprise et de terminaison de chantiers avec une présence terrain sur tout le territoire français aux côtés des maîtres d’ouvrage. Construire cette capacité chez AXA France aurait pris sans doute du temps.
Face à l’urgence de la situation, nous avons privilégié un modèle opérationnel externalisé, adossé à des prestataires et construit un dispositif de pilotage avec des indicateurs de qualité de service (par exemple : délais des étapes clés) et des indicateurs de maîtrise technique (par exemple, taux de sinistralité, taux de protocoles transactionnels de sortie de garantie de livraison, surcoût des pénalités de retard).

RB : Quel type de prestataires recherchez-vous pour accompagner efficacement la résolution des sinistres (expertise, réactivité, capacité à intervenir localement, etc.) ?

CC : Pour répondre à cette forte croissance, AXA France a sélectionné 2 prestataires, qui remplissaient notre cahier des charges à savoir :

• Être en mesure de gérer la relation avec le maître d’ouvrage en recréant un climat de confiance.
• Être en mesure d’intervenir rapidement sur l’ensemble du territoire français et sur toute nature de construction (traditionnelle, semi-industrielle, bois, …).
• Avoir le savoir-faire pour référencer des constructeurs repreneurs locaux avec un process de sélection rigoureux englobant des critères prédéfinis avec AXA France.
• Avoir un suivi rigoureux des flux financiers (appels de fond, règlement factures, gestion des pénalités de retard, …) avec une traçabilité totale pour AXA France et un reporting mensuel.

RB : Quel est le rôle de votre prestataire dans la gestion des sinistres ?

CC : Le prestataire a d’abord un rôle d’expert technique comme on le retrouve dans la gestion des sinistres classiques. Grâce à son expertise technique, il visite rapidement le chantier et évalue la nature des travaux qui restent à faire, les difficultés techniques et les dommages potentiellement éligibles au titre de l’assurance Dommages ouvrage avant réception. Mais sa mission s’étend bien au-delà de la seule dimension technique : il va également être l’assembleur de la solution avec sélection des entreprises, suivi du chantier avec le maître d’ouvrage et en assurer la gestion financière, et ce, jusqu’à la réception du chantier sans réserve.

RB : Le prestataire est-il le garant du bon rapport qualité/prix ?

CC : Nous demandons à nos prestataires de consulter en moyenne 3 repreneurs par chantier et avons fixé avec eux les critères de sélection. En effet, le coût de reprise ne peut être le seul critère. La solidité financière, le savoir-faire technique, la présence locale et surtout l’engagement sur les délais de terminaison sont des critères tout aussi importants notamment pour réduire le coût des pénalités de retard qui sont coûteuses pour le garant.

3. La stratégie d’AXA France dans les relations humaines entre maîtres d’ouvrage et repreneurs

RB : Quelle est la nature des relations humaines entre les maîtres d’ouvrage, les repreneurs et la compagnie d’assurances dans le cadre d’une reprise de chantier ?

CC : La gestion d’un sinistre Caution CMI démarre quasi toujours par des relations tendues : un constructeur défaillant souvent depuis plusieurs semaines, une perte d’interlocuteur et une pression financière pour le maître d’ouvrage. Pour nombre d’entre eux, qui sont des primo-acquérants, c’est le projet d’une vie qui bascule. Avec parfois des situations humaines difficiles, des familles qui sont dans une situation financière tendue – entre intérêts bancaires, contraintes liées à un lieu de vie inconfortable et les perturbations majeures telles que le changement d’école pour leurs enfants –, pouvant perdurer pendant plusieurs mois. Aussi, il s’agit de recréer une relation de confiance avec le maître d’ouvrage et un nouveau constructeur en s’engageant à reprendre le plus vite possible le chantier. Cette tension disparaît lors de la signature du contrat de reprise entre le repreneur, AXA France et le maître d’ouvrage, qui donne alors à celui-ci toute visibilité sur la nouvelle date de livraison de sa maison.

RB : Quel rôle joue AXA France dans ce dialogue avec le maître d’ouvrage, parfois délicat ?

CC : Chez AXA France, notre démarche est proactive tout en étant à proximité de nos clients : dès les premiers signaux d’alerte, nous contactons le constructeur pour comprendre ses difficultés (techniques ou financières) et évaluer sa capacité à terminer les chantiers engagés. Cet échange conduit parfois à trouver des solutions sur-mesure qui auront pour effet de minimiser ou d’éloigner le risque de défaillance. Si la défaillance est avérée, alors nous contactons individuellement par courrier chaque maître d’ouvrage pour leur expliquer comment va se dérouler la reprise en main de leur chantier par AXA France via notre prestataire désigné. Pour le maître d’ouvrage, la garantie financière apportée par AXA France, marque reconnue, est un soulagement.

RB : Quel est l’apport du prestataire dans ces relations ?

CC : Notre prestataire établit rapidement une relation avec le maître d’ouvrage et sera sur le terrain à ses côtés pour l’accompagner tout au long des différentes étapes : du choix d’un repreneur du projet initial, au suivi des visites de chantiers et jusqu’à la réception du chantier. Il incarne AXA France et porte les mêmes messages.

Pour conclure

RB : Quels sont, selon vous, les enjeux ou évolutions à venir dans le cadre de ce marché et dans le sauvetage de sinistre ?

CC : Sur le plan des sinistres, notre expérience nous a fait progresser dans l’accompagnement de nos clients notamment sur la mise en place de procédure de sauvegarde en amont avec eux ainsi que sur la sortie des garanties de livraison par la voie transactionnelle lorsque le stade d’avancement du chantier nous le permettait.
Ce marché des Constructeurs de Maisons Individuelles va connaître une profonde restructuration de son offre pour assurer des marges de solvabilité plus solides dans le futur. Cette offre deviendra moins accessible aux primo-acquérants et ce marché va se concentrer avec un nombre d’acteurs plus resserrés. Avec le support des pouvoirs publics et l’effet psychologique du plan PTZ, le marché de la maison individuelle devrait repartir d'ici à 2026. Ce qui laisse penser que la vague de défaillance des constructeurs est vraisemblablement derrière nous.

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